La fureur du combat retomba d'un seul coup avec la fuite du sorcier cultiste par le portail. Saga frappa de rage le sol de son bâton. Ce crétin avait pu fuir. Il allait se soigner et prévenir ses acolytes aux étages supérieurs. L'ennemi saurait qui arrivait. Regardant ses compagnons, il vit qu'une pause avait été implicitement décidée. Vimaire, Siegfried et Lucan soufflaient. Le maniement des armes exigeait une formidable dépense d'énergie. Au moins aussi intense et éprouvante que la canalisation des forces élémentaires... On entendait encore quelques bruits de combat à l'arrière, mais plus espacés. Les idées se bousculaient dans la tête du mage. Il respira profondément, se souvint des techniques de concentration apprises lors de son entrainement, tenta de faire le vide mental, avec un succès limité. Dès le début, il avait désapprouvé cet assaut. Il avait stupidement cédé à l'irrationnel. Cette attaque était une pure folie. Que ne l'avait-il plus fermement souligné ? Fallait-il qu'il fût devenu fou lui-même ?

Saga (haletant sous son large capuchon) : Vous aviez tort Vimaire ! Et j'avais raison ! Les cultistes ne sont nullement affaiblis. Ils ont eu tout le temps de se réorganiser depuis deux mois, de former de nouvelles recrues. Ils ont des démons avec eux. Ce que j'ai vu, ce qui nous attend, c'est trop dangereux ! En tout cas, c'en est assez pour moi qui ne suis pas un combattant, mais un intellectuel ! Poursuivre, ce ne serait plus de l'héroisme, ce serait de la folie, du suicide ! (pause, puis sur un ton plus calme) Je préfère ne pas m'exposer davantage et me replier, jugeant désormais les chances de vaincre infinitésimales. Je n'ai aucune intention de mourir aujourd'hui et je ne peux pas me permettre d'être fait prisonnier. Pas avec ce que je sais et pourrais révéler en cas de torture. Continuez si vous voulez, je ne peux vous en empêcher. Je rejoins les troupes à l'arrière et, si vous choisissez de poursuivre, je les envoie vers vous.

Parler de la sorte à Vimaire après un combat était vraiment une mauvaise idée. Le nain, malgré sa profonde sagesse était toujours enclin à la violence et à la dureté après un combat, surtout quand ses ennemis n'avaient pas opposé de réelles résistances. Énervé par les propos du mage il lui rétorqua sèchement:

Vimaire: Si vous aviez raison Saga, nous serions déjà mort à présent. Dois-je vous rappeler que vous avez dit vous-même que l'apprenti de Kalart, bien plus puissant que vous y avait perdu la vie. Pour le moment je n'ai vu que des fiottes en face de moi, qui plus est, incapable de me faire le moindre mal. Peut-être devriez vous passer dans l'autre camp pour leur ressembler. Je vous pensais un homme d'intellect, cependant avez-vous pensé aux conséquences de ce repli, la résistance a perdu de nombreux hommes ici, si nous ne vainquons pas maintenant, nous pourrions jamais en être capable et nous perdrions toute crédibilité vis à vis d'eux. Je ne pourrais jamais me présenter devant Clangeddin si je faisais cela et si vous avez peur restez caché derrière moi.
Saga, je n'ai jamais reculé devant un combat et je n'ai jamais laissé un compagnon tomber avant moi. Si vous me voyer tomber, courrez, avant cela vous n'aurez rien a craindre. Je suis capable de détourner les ennemis de vous, de vous rendre votre santé, de me faire blesser a votre place et de mourir pour vous sauver s'il le faut.
Nous avons besoin de vous ici, vos compétences sont hors du commun, si vous reculiez maintenant vous seriez peut être le premier à mourir si vos cultistes sont si forts que cela. Mais je vous préviens, si vous vous en allez et que je m'en sors vivant, je viendrai vous trouver et je ferai en sorte que vous ne puissiez plus rien avaler de solide pendant un long moment.

Vimaire marqua un temps d'arrêt puis regarda ses autres compagnons:

Vimaire: Clangeddin guide mon bras et ma vie lui appartient, mon destin est d'éradiquer ses cultistes, ce n'est pas un pauvre mage qui s'est enfuit qui m'en empêchera. J?écraserai quiconque se trouvera en face de moi.

Saga : Moi, je n'ai pas trouvé ce combat si anodin ! Au risque de vous déplaire, je peux même vous avouer que je ne me suis pas senti particulièrement en sécurité vous sachant à mes côtés ! Rien à voir avec la présence protectrice et rassurante d'Orel ! Et nous n'avons eu là qu'un maigre aperçu des forces en présence aux étages supérieurs, j'en suis certain ! (pause) Ecoutez, je ne vous demande pas d'accepter d'être prudent une fois dans votre vie, Vimaire ! Je vois bien que je ne pourrai jamais vous convaincre de mettre fin à cette folle entreprise, et de vous replier pour retrouver les autres résistants. Maintenant que votre hâche est maculée de sang, c'est peine perdue... Pour vous, prudence et retraite riment avec lâcheté et bassesse. Mais réciproquement, votre témérité et votre dogme belliqueux ne rencontrent que très peu d'échos en moi. (redevenu serein) A dire vrai... si vous survivez, je vous admirerai certainement pour votre bravoure... Et si vous mourrez, je vous admirerai aussi...

Résolu et triste, Saga se retira. Arrivé au couloir, il se retourna.

Saga : Kalart est peut-être encore parmi les résistants. Il ne manquera pas de venir vous prêter main forte et sera moins une gêne au milieu de la mêlée que moi. Bonne chance à tous ! Que Clangeddin vous garde !

Puis sa haute silhouette disparut.

Une fois dans le couloir, Saga vit le symbole démoniaque peint avec du sang sur le sol. Le symbole luisait légèrement d'une lueur rougeâtre. Saga s'arrêta net et réalisa en le voyant qu'il ne bénéficiait plus de la protection que Kalart avait mise sur le groupe.

Siegfried suivit Saga sans mot dire, tout juste quelques regards vers les autres compagnons. Arrivé devant la rune, il tendit une des potions de résistance au feu à Saga (que le mage but) avant d'en avaler une à son tour.

Siegfried : Partons d'ici...

Sans aucune surprise, Lucan regarda partir les deux hommes. L?un était terrifié et l?autre d?une indifférence totale pour le groupe ou la mission. Il y avait autre chose qui tourmentait le mage cependant?

Il s?adressa alors à Vimaire et à Chateaumeillant.

Lucan: La peur s?est exprimée et deux d?entre nous se sont éloignés. Derrière ce portail il y a la menace qui plane sur cette ville depuis des années et des ames damnées à bannir.

Chateaumeillant? je n?imagine pas que vous aviez prédit cela dans les étoiles. Cependant vos compagnons n?ont jamais cru en vos pouvoirs ni en vos capacités. Ce qui arrive ici aujourd?hui est logique. Les seuls d?entre-nous qui restent sont ceux qui ont une foi infaillible dans les dieux qui gouvernent ce monde. Le hasard n?y est pour rien. Les dieux se sont penchés sur nous et ils nous accompagnent dans cette noble entreprise. J?ai la certitude que nous vaincrons.

Chateaumeillant, il vous est donné la chance aujourd?hui de faire la différence ici et de montrer à tous ce qu?un sorcier peut faire. Je crois en vous !

Vimaire, je n?ai pas besoin de vous encourager et vos paroles étaient justes. La résistance s?est sacrifiée pour nous permettre d?atteindre notre but. Après cela elle sera très affaiblie. C?est maintenant ou jamais.

A Chateaumeillant et Vimaire:

Lucan: Préparons-nous !

Suite à la séparation du groupe, Vimaire n'avait le choix que de se résigner, cependant il faudra quand il reviendra à l'auberge et s'il survit, qu'il s'occupe également des dents de Siegfrier.

S'adressant à Chateaumeillant.

Vimaire: Chateaumeillant, quatre personnes ont pris leur décision, cependant vos capacités magiques nous seraient d'une grande utilité, surtout si nous devons détruire cet objet au sommet de cette tour.

Le front marqué par la sueur du doute, Châteaumeillant vit que sa réponse était attendue. Aggripant nerveusement son sceptre, le petit sorcier se redressa tout en se râclant la gorge.

Chateau : Bon, je vais essayer de ne pas me dérober pour cette fois. Je sais les interrogations que ma présence suscite dans le groupe, je connais certains reproches non formulés comme ma trop grande discrétion ou mon pessimisme. Donc je vous répondrai franchement et clairement (en haussant la voix) honnêtement je ne sais pas quoi faire ni penser de tout ça ! Du chaos encore et des dissenssions. ! Petite erreur tactique, le mage s'est enfui, mais je blâme le groupe, personne en particulier. Bon j'abrège : une partie de mon être comprend la réaction de Saga et de Siegfried sur la volonté de repli. Une autre partie de moi pense qu'il est trop tard, et que quand le vin est tiré, il faut le boire. Cela me choquerait moi-même de fuir un combat en abandonnant les résistants. Simultanément, je crois aussi que sans nos deux compagnons, ce combat déja hasardeux (mais que nous pouvions tenter), est peine perdue. N'y a-t-il pas moyen de faire un point bref avec Dorias et Kalart? De se reprendre et d'opter pour un choix commun ?

Voyant Chateaumeillant hésiter, Lucan s?approcha du portail d?un pas lourd et assuré.

Il se retourna, esquissa un sourire et dit :

Lucan : Vimaire, si j?ai trop d?avance sur vous, vous serez celui qui tombera le moins de cultistes aujourdhui. Et si vous me laissez tomber seul, quelle piètre figure pour un digne serviteur de Clangeddin. Je m?étonne qu?un humain doive montrer la voie à un nain dans un jour comme celui-ci.

Chateaumeillant, je vous vois hésiter. La victoire nous attend.. et c?est maintenant !

A ces mots, il fit une prière à Kelemvor puis il parla à nouveau.

Lucan (solennel) : Mon maitre, l?heure du jugement est arrivé. C?est sur l?autel de la justice que je vais vous offrir tant d?âmes noires et damnées. Je confie ces ames égarées à votre jugement universel et sans appel !

Alors, il prononça les mots pour activer le portail et il le franchit immédiatement.

Dansant d'un pied sur l'autre avec une légèreté qu'un danseur de cour n'aurait pas renié, Châteaumeillant râla:

Chateau : Aah mais bon sang, n'y allez pas à deux vous allez vous faire tailler en pièces! Et le Nain qui y va aussi, ah les braves gens...

Se tournant fébrilement, cherchant Saga et Siegfried des yeux:

Chateau : Tout tourne de travers aujourd'hui, Kalart, faut que je parle à Kalart.

Tournant les talons, il détala vers le bruit lointain des combats, à l'arrière, une potion à la main.

Voyant Chateaumeillant arriver, Siegfried s'arrêta un instant,

Siegfried : C'est bien Chateaumeillant, vous avez fait le bon choix. Les autres arrivent j'espère ?

Roulant des yeux effarés, le petit sorcier s'exclama.

Chateau : Mais je n'ai fait aucun choix personnel en fait ; Les autres s'apprêtent à y aller, mais là, à deux, ils ne sont pas assez, il faut leur envoyer des renforts !

Mettant un bras solennellement sur l'épaule du sorcier,

Siegfried : Rassurez vous Chateaumeillant, ils ne sont pas seuls, leurs dieux sont avec eux!!!

Puis se tournant vers la rune du couloir,

Siegfried : Allons y maintenant...

Se faire devancer par un humain, si son clan apprenait cela Vimaire en mourrait de honte.

Sur cette réflexion, il s?avança vers le portail et prononça la formule que Kalart lui avait apprise.

En un éclair de lumière rougeâtre, Lucan et Vimaire disparurent par le portail...

Sans faire de commentaire à la dernière remarque de Siegfried, Châteaumeillant lui lança, en fixant avec une moue de regret la salle du portail:

Chateau : Passez devant Siegfried, je vous suis. Allons retrouver Kalart, attention il faudra peut-être se battre. Saga, vous vous placez entre nous ?

Siegfried : Faisons comme ca !

Saga : Attendez ! N'avancez pas.

Saga regarda attentivement le symbole démoniaque qui pulsait d'une lueur rougeâtre inquiétante. Il ne bougeait pas.

Saga (soucieux) : Mmm... Depuis le début, je la sens mal cette glyphe... On ne connait pas ses effets exacts qui peuvent parfaitement avoir évolué suite à la première activation. Je vais résoudre ce problème de telle sorte que nous ne courions aucun risque. Je compte sur vous pour les autres embûches auxquelles nous devrons faire face...

Le mage tira de son sac un livre. Qu'il feuilletta quelques instants. Puis qu'il remit dans son sac.

Saga : Tenez-vous prêts mes amis. Ordre de marche : Siegfried devant, moi juste derrière, Chateau vous fermez la marche. On reste silencieux. Si on rencontre des cultistes, on stoppe, j'essaierai de faire diversion. On les contourne. S'ils chargent, on court, on ne se bat que si on est acculés. Notre objectif : trouver Kalart, envoyer du renfort, atteindre l'autre portail. (le mage se remémorre le chemin pour y parvenir) J'espère qu'ils ne se sont pas tous fait massacrer à l'arrière. Siegfried, décalez-vous un poil à gauche.

Saga examina le couloir éclairé par quelques torches. Il prononça quelques paroles dans une langue obscure et gutturale, exécuta quelques gestes précis, plaça ses mains devant lui. Presque aussitôt, deux dalles sur le sol commencèrent à luir d'un éclat bleuté, l'une juste devant de Siegfried, l'autre au fond du couloir, loin derrière la glyphe de sang.

Saga : Allez-y maintenant Siegfried. Marchez sur la dalle. Il n'y a pas de danger.

Siegfried, confiant, avança sur la dalle devant lui et fut instantanément transporté sur l'autre dalle au fond du couloir.

Saga : A votre tour, Chateau, hâtez-vous !

Chateau s'avança et fut à son tour transporté. Enfin, Saga emprunta le tunnel dimensionnel. Grâce au sortilège, les trois compagnons franchirent le symbole démoniaque sans en subir les effets. Saga jeta un coup d'?il en arrière et constata que le symbole luisait toujours. L'éclat bleuté des deux dalles s'estompa.

Saga : Ne trainons pas !

Le groupe s'engouffra dans le couloir étroit et au bout d'un moment arriva dans la salle dans laquelle menait le premier portail franchi dans le repaire du Culte de Tharos, celle où la résistance avait mené son premier assaut.

La pièce devait mesurer cinquante pieds de côté et offrait trois sorties, dont celle empruntée par le groupe. L'une des sorties révélait un escalier qui montait à une étage supérieur. On pouvait entendre des bruits de combat lointain. Plusieurs corps jonchaient le sol, tous appartenant à des cultistes. Le sol était couvert de sang par endroits.

Au pied du mur de gauche se trouvait le portail d'arrivée qui avait permis au groupe d'atteindre la Tour Grise. Deux personnes, évidemment membres de la résistance se tenaient devant la dalle. Le premier était un homme d'une trentaine d'années. Il était de grande taille, son visage arborait un barbe et moustache noire. Il portait une armure complète tâchée de sang. Il tenait dans sa main droite une épée longue et son avant-bras gauche maintenait un grand bouclier en place. Il portait sur la tête un casque de métal laissant voir son visage mais lui protégeant la nuque.

L'autre personne était de même taille que son compagnon. Son visage était imberbe, le nez aquilin et des yeux d'une bleu très clair. Il portait une cotte de mailles et tenait dans sa main droite une masse. Il portait autour du cou un médaillon en métal représentant une étoile bleue et blanche. A la vue de ce médaillon, Saga songea immédiatement à Mystryl, une ancienne déesse morte depuis longtemps. Cela ne pouvait être de toute évidence qu'une coïncidence.

Alors que les trois compagnons avançaient, une ombre se détacha du mur de droite. Quelqu'un était caché et personne le l'avait vu ! Fort heureusement il ne s'agissait pas d'un ennemi. C'était un homme de taille moyenne aux yeux pétillants de curiosité. Il portait un manteau à capuche qui cachait une bonne partie de sa tête. On pouvait voir par endroits, sous le manteau, le cuir d'une armure. Il tenait une épée dans l'une de ses mains et esquissa un sourire lorsqu'il fut persuadé que personne ne l'avait vu dans les ombres.

Il s'adressa aux trois compagnons.

Homme : Une chance que vous ne soyez pas des cultistes, vous seriez sans doute morts à l'heure qu'il est.

L'homme portant le symbole de l'étoile dit alors en fronçant les sourcils.

Homme : Il me semble que vous étiez cinq en partant pour assaillir les étages supérieurs. Où sont vos compagnons et pourquoi êtes-vous déjà de retour ?

Ses deux compagnons semblaient attendre la réponse avec interêt.

Siegfried, mécontent d'avoir été surpris de la sorte, se promit d'élever son degré de vigilance à l'avenir. On lui avait déjà parlé de personnes pouvant se rendre invisibles grâce à la magie mais se fondre dans les ombres de la sorte, c'était stupéfiant... et inquiétant. Après avoir analysé la situation, il répondit aux hommes.

Siegfried : En effet nous étions cinq. Saga ici présent, notre magicien, a jugé qu'il valait mieux reculer devant cette adversité. Il doit avoir ses raisons. Etant son protecteur, je l'ai escorté jusqu'à vous. Tête de mort et le nain ont choisi de continuer tous les deux. Quand à Chateaumeillant, (dit-il en désignant le sorcier) il a préféré se ranger du coté de la raison.

Puis à l'attention des autres.

Siegfried : Et ici, comment ca se passe ?

Le ton très direct et la teneur de la question ne plurent guère au mage. Mais il se raisonna. Ces résistants étaient avant tout des pragmatiques, des opératifs qui considéraient tout individu approuvant leur combat comme une recrue de fait. Une recrue qui devait être prête à risquer sa vie à tout moment pour la cause. Ils n'avaient guère le sens de la nuance. Il préféra taire sa gêne : le temps pressait, les vies de Vimaire et Lucan étaient suspendues à la venue de renfort de la résistance.

Saga (complétant la réponse de Siegfried) : Nous avons mené le premier assaut près d'un autre portail. Lors de ce combat, beaucoup furent blessés mais nous avons vaincu. Hélas, par manque de coordination entre nous, un sorcier cultiste a eu le temps de passer par le portail. Pendant que nous reprenions notre souffle, j'ai suggéré un repli stratégique pour aller chercher des renforts compte tenu du fait que nous avions perdu l'avantage de la surprise et qu'à coup sûr, nous serions attendus et submergés à notre arrivée dans les étages supérieurs. Vimaire et Lucan n'étaient pas de mon avis, ils voulaient continuer l'assaut malgré les circonstances sans l'aide d'alliés supplémentaires. J'ai écouté Vimaire mais ses arguments ne m'ont pas convaincu. J'ai donc suivi mon idée, laissant aux autres le soin de tenir le portail. Siegfried et Chateau ont jugé plus prudent de me suivre. Vimaire et Lucan sont toujours sur place. Ils sont robustes et complémentaires mais comptent certainement maintenant sur l'arrivée de renfort. J'espère sincèrement qu'ils n'ont pas franchi seuls le portail. Toutefois, connaissant leur bravoure (Saga avait choisi ce substantif avec soin), ce n'est pas complètement à exclure ! Dans tous les cas, le temps presse. Si vous êtes, comme je le crois, de vaillants combattants de la résistance, aguerris et fins tacticiens, irez-vous les aider ? Sachez que l'ennemi aura eu le temps de se réorganiser là-haut et qu'il dispose de démons !

L'homme portant le médaillon fronça les sourcils davantage à l'explication de Siegfried et celle de Saga. Il jeta un coup d??il à son compagnon en armure qui se tenait à côté de lui et au troisième homme qui était derrière les nouveaux arrivants, lequel s'était appuyé contre le mur, un sourire sur le visage.

Homme au médaillon : De nombreux éléments sonnent faux dans vos explications. Pourquoi ce besoin de transformer la vérité, cela m'échappe pour l'instant mais ce qui est clair est que vous avez abandonné vos compagnons et la mission. Dorias vous a clairement indiqué que ses troupes devaient servir à occuper les étages inférieurs de la Tour Grise pendant que vous vous chargiez des étages supérieurs par l?intermédiaire du portail.

Pendant les paroles, l'homme en armure complète braquait ses yeux sur Siegfried.
L'autre homme reprit.

Homme au médaillon : Il est clair que Dorias s'est trompé à votre sujet. Vous n'êtes pas dignes de nous avoir accompagnés ici. Je ne vois que trois couards qui pleurnichent dès qu'ils ont une égratignure. Mais il est peut-être encore temps de réparer votre erreur et de sauver vos compagnons. Maintenant écoutez-moi très attentivement. Étant donné votre manque de courage, la seule mission qu'il est encore possible de vous confier est la garde de ce portail pendant que moi et mes compagnons allons sauver ce qu'il reste de votre compagnie et mener à bien la tâche qui vous incombait.

L'homme au médaillon fit un geste à ses compagnons qui se préparèrent à partir au plus vite. L'homme à l'armure complète ignora les trois nouveaux, quant à celui aux yeux pétillants esquissa un sourire à leur encontre et dit :

Homme aux yeux pétillants : Il est clair que Tymora ne vous a pas souri en ce jour important pour New Sarshel. Quel dommage.

Saga répondit d'une voix douce.

Saga (on ne voyait pas son visage sous le large capuchon de sa bure sombre) : Quel dommage en effet... Puisse ce jour être jour du triomphe pour votre cause.... grâce à vous, valeureux résistants !

L'homme au médaillon ajouta alors qu'il s?apprêtait à quitter la salle.

Homme au médaillon : N'oubliez pas que le portail est sous votre protection. Aucun cultiste ne doit s?échapper.

Siegfried : Pour l'instant nous sommes encore partenaires, alors ne tenez pas des propos qui pourraient changer les statuts. Quand aux dieux, gardez vous de les citer en permanence pour masquer ou appuyer vos dires. Votre courage ne peut-il se manifester seul ? Sur ce, je n'ai aucun ordre à recevoir de vous. VOUS (il insiste sur le pronom) avez une mission. Si vous quittez votre poste, je ne garantis pas que je serai là à votre retour car je ne réponds qu'aux volontés de Messire Saga !

Il finit sa réplique en se tournant vers le mage.

Siegfried : Que fait-on ?

Saga : Quelle question mon cher ! On garde le portail.

Siegfried inclina la tête.

Siegfried: Soit.

Alors que les trois résistants s'éloignaient.

Saga (d'une voix forte) : Attendez ! Il existe un symbole démoniaque actif dans le couloir qui mène à la salle de l'autre portail. Entre autres effets, il produit une violente explosion de flammes si l'on s'en approche de trop près. Nous avons des fioles de protection contre le feu. Buvez-les. Il vaut mieux que vous soyez au maximm de vos moyens quand vous arriverez là-haut.

Siegfried se rapprochant de Saga, lui glissa à l'oreille.

Siegfried : Présentement, je n'en ai plus. Je t'ai filé l'une des miennes.

L'homme au médaillon regarda Saga et Siegfried et répondit :

Homme au médaillon : Merci de nous avoir prévenus. Nous saurons faire face à cette menace, j'en suis sûr.

Les trois hommes s'engagèrent dans le couloir...

Châteaumeillant sursauta:

"Attendez-moi messires! De mon côté je suis venu chercher des renforts parce que les compagnons partis en haut ne sont que deux, et que même à trois, c'eut été insuffisant. Je viens pour combattre!"

Siegfried, égal à lui-même, lança quelque insulte dont il avait le secret et franchit le portail, quittant ainsi la Tour Grise, abandonnant à nouveau deux de ses compagnons à leur sort. En agissant ainsi, il se moquait totalement des volontés de Saga contrairement à ce qu'il l'avait prétendu aux résistants.

Siegfried parti, le Moine Noir se retrouva seul près du portail. La salle était silencieuse. Lentement, doucement, il abaissa le capuchon de sa bure.

Sur son visage, d'ordinaire impassible, un léger sourire se dessina...



Derni?re modification le 01-10-2011 ? 10:59:53